FACTEURS HUMAINS: LE GROUPE
LES TÉMOIGNAGES D’ACCIDENTS D’AVALANCHE MONTRENT QUE, LE PLUS SOUVENT, LES CAUSES D’UN ACCIDENT D’AVALANCHE DÉCOULENT DE PERTURBATIONS D’ORIGINE HUMAINES, PLUTÔT QUE D’UNE MAUVAISE ANALYSE DE LA SITUATION NIVOLOGIQUE DU MOMENT. DANS L’ENVIRONNEMENT TRÈS INCERTAIN QUE REPRÉSENTE LA MONTAGNE ENNEIGÉE, LES DÉCISIONS DES SKIEURS DOIVENT ÊTRE FIABILISÉES PAR DES MÉTHODES ET UNE BONNE COMMUNICATION.
Lors de la préparation d’une sortie la prise en compte du groupe et de ses individualités est primordiale.
- Combien sommes-nous?
- Quel est le niveau et le caractère de chacun?
- Le groupe est-il homogène/ hétérogène?
Un groupe homogène est plus facile à gérer qu’un groupe hétérogène avec des individualités marquées. Le projet doit être adapté au niveau du groupe, et notamment au niveau du plus faible techniquement et physiquement. Mais doit être aussi adapté aux attentes des individus. Le projet doit être défini entre les membres du groupe pour éviter les frustrations.
L’expérience technique, le niveau physique et les connaissances du pratiquant comptent beaucoup pour sa sécurité. Mais on ne peut pas posséder une expérience du risque d’avalanche. L’environnement est trop incertain pour acquérir une expérience en la matière. On peut faire pendant de nombreuses années de très mauvais choix et passer «juste à côté de la mine» à chaque fois. Finir une sortie «sain et sauf» ne reflète pas forcément la qualité de la décision que l’on a prise au moment de s’engager.
Le leader assure la communication dans le groupe, valide les décisions collectives et donne les consignes de comportement. Son rôle est d’identifier les moments propices à la prise de décision. Les autres membres du groupe doivent rester actifs dans cette gestion du risque, communiquer leurs observations et idées pour accompagner le leader dans sa décision. Le leader est généralement la personne la plus expérimentée mais son pouvoir de communication est à prendre en considération.
Absence de leader = absence de communication et de gestion du groupe et de son évolution. C’est le cas dans un groupe de skieurs de même niveau sans leader désigné qui s’entête jusqu’à l’accident faute de communication sur des signes évidents de danger observés.
Une étude de McCammon a démontré que les liens entre les individus d’un groupe influent sur la prise de décision. Ces comportements individuels peuvent mener à l’accident. Les pièges inconscients du «Désir de Séduction» et du «Positionnement Social» entrainent la volonté de séduire ses pairs et peut prendre le pas sur le respect des consignes de prudence. L’individu s’engage alors dans un projet inadapté à son niveau technique ou physique, par simple volonté de plaire, de prouver quelque chose ou de se mettre en avant dans le groupe. Ces pièges sont notamment observés dans les groupes mixtes avec un nombre d’accidents supérieurs.
En cas de fatigue, notre cerveau n’utilise plus sa partie «raisonnante». L’inconscient, qui consomme beaucoup moins d’énergie, prévaut sur la «raison». La fatigue ne favorise donc pas des décisions raisonnées et pousse dès lors la prise de risque en cédant à la facilité. Même si un détour serait plus sûr, la fatigue incite à aller au plus court, au plus facile. La question «La fatigue dicte-t-elle la décision ?» doit également se poser pour prendre les bonnes décisions.
L’aspect psychologique doit également être pris en compte. Si l’attention du décideur est portée ailleurs sur des problèmes personnels, les décisions concernant le choix de la trace sont dès lors fortement polluées et peuvent mener à un choix erroné et à l’accident. Des considérations, des soucis, des problèmes personnels, influent-ils sur la décision?
L’état d’esprit, l’émulation, ou l’excitation du groupe engendre potentiellement une pression ou obstination quant au projet et à la volonté de l’atteindre. Un groupe voulant à tout prix atteindre son objectif cherchera des éléments le confortant dans sa décision initiale sans prendre en compte les éléments négatifs. Le choix est alors non raisonné et peut-être dangereux.